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- Les Chroniques de Faust -
2 février 2006

Ana Blandiana

"Il faudrait naître vieux, débuter par la sagesse puis décider de son destin."
ANA BLANDIANA

Blandiana, l'Antigone de la poésie

par Iulia Badea-Gueritée
Lire, novembre 2005

Dans son appartement, des livres, des meubles laqués noir et des marguerites marquent ce qu'on pourrait nommer l' «espace blandien» (du latin blandus, caressant). Un espace indémodable et intemporel, fait de douceur, d'amour et d'effluves de confiture. Ana Blandiana, née près de Timisoara, en 1942, est une personnalité importante de la littérature et une figure de proue de la vie politique. Sept de ses (presque) trente livres furent censurés par le régime communiste, dès ses débuts, en 1959. «J'ai été connue comme poète interdite avant d'être connue comme poète», se moque-t-elle maintenant. Ses livres - qu'il s'agisse de poèmes simples en apparence ou métaphoriques (comme le personnage du chat/dictateur, assimilé à Ceausescu, célèbre à sa parution dans les années 1980) - ont scandalisé le pouvoir, ont été bannis des bibliothèques et ont fait la une de journaux étrangers, tel The Independent, pour avoir contribué à saper la dictature roumaine.

Considérée comme un «écrivain classique vivant», Ana Blandiana a été la plus jeune poète à recevoir le prix Herder, qui voulait saluer la «dimension supratemporelle de son œuvre». De son talent romanesque, on se fera une idée grâce à la traduction d'un chapitre du Tiroir aux applaudissements, l'histoire d'un peuple qui ne voit pas d'issue à son enfermement, publié dans Douze écrivains roumains, Les Belles Etrangères (L'Inventaire, 2005). «Si je n'avais pas fait de la littérature, dit-elle, j'aurais étudié l'histoire.» L'histoire, elle l'a vécue, que ce soit en mai 1968, à Paris, ou à Bucarest, en 1989. Les dirigeants du pays lui ont alors proposé de devenir vice-présidente. Refus net. L'auteur de Scripta hostilia, ces poèmes subversifs de 1985 qui ont été exposés en mars dernier au Musée national de littérature roumaine à Bucarest, a fondé depuis l'Académie mondiale de poésie, à Vérone. Ana Blandiana a réussi le paradoxe de n'appartenir à aucun style: «Je marche, doucement/Sur un chemin/Taillé par moi-même» (Histoire, dans L'étoile de proie, Les ateliers du Tayrac, 1991). Ses traducteurs - les poésies d'Ana Blandiana sont éditées dans de nombreux pays -, comme la Française Hélène Lenz, se disent charmés par ses vers: «Je suis/semblable/au sable de la clepsydre/qui/pourrait devenir temps/ seulement/en tombant» (Condition). Presque malgré elle, Blandiana est devenue une formidable ambassadrice de la littérature roumaine.

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