Chirac soutient Villepin sur le CPE, la
Chirac soutient Villepin sur le CPE, la contestation durcit
PARIS (Reuters) - Le président Jacques Chirac a apporté mardi son soutien à Dominique de Villepin face à la multiplication des appels pour réécrire ou annuler la mesure législative instaurant le contrat première embauche.
Le Premier ministre a continué à afficher une détermination sans faille, engageant avec lui le gouvernement et "la majorité tout entière", alors que la mobilisation s'est durcie dans les universités et a pris de l'ampleur dans les lycées.
Dans cette situation bloquée, le Parti socialiste a déposé un recours parlementaire auprès du Conseil constitutionnel contre la loi sur l'égalité des chances qui instaure ce nouveau contrat de travail réservé aux moins de 26 ans.
L'intervention présidentielle a pris un tour d'autant plus solennel qu'elle a eu lieu à Berlin, dérogeant ainsi à la règle qui veut que le chef de l'Etat ne s'exprime pas sur les questions intérieures lorsqu'il est à l'étranger.
"Il va de soi que je soutiens totalement et sans réserve l'action conduite par le Premier ministre et par le gouvernement français, notamment en ce qui concerne ce problème si délicat auquel tous les gouvernements européens sont confrontés et qui est celui de l'intégration des jeunes, l'emploi des jeunes", a déclaré Jacques Chirac, lors d'une conférence de presse à l'issue du VIe conseil des ministres franco-allemand.
Dans l'après-midi, interpellé par le premier secrétaire du PS, François Hollande, Dominique de Villepin a déroulé à nouveau sa plaidoirie sur le CPE, sans rien lâcher.
"Pourquoi est-ce que nous nous engageons, nous, le gouvernement et la majorité tout entière ? Parce que le CPE est un contrat utile, qu'il va créer des emplois pour les jeunes en difficulté", a-t-il dit lors de la séance des questions d'actualité à l'Assemblée nationale.
"En ce qui nous concerne, nous attendrons sereinement la décision du Conseil constitutionnel", a insisté le ministre de l'Emploi, Jean-Louis Borloo, intervenant à sa suite.
L'institution dispose d'un mois pour statuer ou de huit jours si le gouvernement demande l'urgence, option jugée la plus probable pour faire appliquer le CPE dès avril comme annoncé.
"FERMETÉ SANS RIGIDITÉ"
A droite, l'UDF, qui avait déposé plusieurs amendements sur le CPE, a suggéré une nouvelle discussion parlementaire "pour offrir une porte de sortie".
Le président de l'Assemblée nationale lui-même, tout en assurant que l'UMP soutenait Dominique de Villepin, n'a pas exclu cette possibilité.
"On peut améliorer, corriger un texte voté, par des amendements ou un dépôt d'un nouveau projet de loi, qui va modifier un certain nombre de dispositions", a dit Jean-Louis Debré sur Europe 1.
Pour sa part, le président de l'UMP, Nicolas sarkozy, a fait passer le message d'une fermeté "sans excès de rigidité".
"Solidarité avec le gouvernement et lucidité sur la situation politique. Unité sans crispation", a-t-il dit, selon des députés, lors d'une réunion du bureau du groupe UMP.
"Ordre sans violence. Fermeté sans rigidité. Il ne faut pas rompre le fil du dialogue avec la société", a ajouté le numéro deux du gouvernement, en rivalité avec Dominique de Villepin dans la perspective de l'élection présidentielle de 2007.
Les opposants au CPE, confortés par une mobilisation étudiante et lycéenne qui continue à prendre de l'ampleur, réclament toujours le retrait pur et simple du dispositif.
L'Unef, principal syndicat étudiant de France, a fait état de 59 universités en grève, contre 50 lundi, sur les 84 que compte le pays, dont 38 totalement bloquées.
"Entre hier et aujourd'hui", a précisé son président Bruno Julliard, "plus de 100.000 étudiants se sont rassemblés en assemblée générale dans toute la France".
Le ministère de l'Education nationale a recensé 17 universités "totalement bloquées" mardi, contre 14 la veille, et 28 "perturbées à des degrés divers", contre 27.
Plusieurs milliers de jeunes ont convergé vers la Sorbonne, symbole de mai 1968, devenu l'emblème de la contestation anti-CPE depuis son évacuation par les CRS samedi.
Etudiants et lycéens ont programmé une nouvelle journée nationale d'action jeudi, avant des manifestations unitaires samedi avec les syndicats de salariés.
Devant cette montée des périls, la présidente du Medef, Laurence Parisot, s'est efforcée de proposer une issue en appelant à une réforme globale du marché du travail.
Les deux autres organisations patronales, la CGPME et l'Union professionnelle artisanale (UPA), avaient apporté lundi leur soutien au chef du gouvernement.