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- Les Chroniques de Faust -
18 mai 2006

Da Vinci Code

DA VINCI CODE
Les secrets d'une polémique

Le 'Da Vinci Code' est partout : télé, radio, journaux, affiches publicitaires. La sortie du film de Ron Howard, adaptation du succès littéraire de Dan Brown, provoque de gigantesques remous médiatiques. Bien qu’il ouvre le Festival de Cannes le 17 mai, de nombreux mystères entourent la sortie du film le plus attendu de l'année. Evene enquête sur les secrets d'une polémique qui a commencé dès la parution du roman.

Un succès littéraire controversé

Les chiffres sont éloquents : depuis 2003, année de parution de l'ouvrage, le 'Da Vinci Code' a été traduit dans 44 langues et 40 millions d'exemplaires ont été vendus. Le succès du roman de Dan Brown est tel que le phénomène est qualifié d'"historique". Et bien sûr, dès qu'un roman devient trop "populaire", les critiques s'empressent de le dénigrer : le 'Da Vinci Code' titille les esprits à force de provocations.
Basé sur les recherches de l'auteur (qui prétend que ses sources sont avérées), l’intrigue met en branle toutes les croyances populaires entretenues depuis plus de 2000 ans. Historiens, conservateurs et professionnels de l'histoire de l'art s'opposent aux lecteurs et autres enquêteurs pour dénoncer les informations du roman : les révélations sur Léonard de Vinci, Jésus et l'Eglise seraient, tels qu'exposés dans le 'Da Vinci Code', purs fantasmes de l'auteur.

La polémique religieuse

L’intrigue repose sur un complot historique destiné à garder un secret vieux de plusieurs millénaires remettant en cause les écrits de la Bible : de quoi s'attirer les foudres divines ! Ou, du moins, celles du Vatican. Nombreux sont les religieux qui se sont plaints des allégations du roman. Résultat, c'est la guerre : après en avoir fait de même l’année dernière pour le livre, le Vatican a appelé au boycott du film jugé "calomnieux" et "perversement antichrétien". Il est peu probable que les gens renoncent à aller voir le film le plus attendu de l’année… Cependant, l’Eglise a tout de même gagné un combat face au géant marketing : une affiche publicitaire avait été placardée, presque avec ironie, sur la façade (en travaux) d’une église romaine. Après avoir laissé s'exprimer son courroux, l'Eglise a obtenu gain de cause puisque l’affiche a été retirée.

Dan Brown a également eu la bonne idée d’accuser l’Opus Dei, institution de l’Eglise catholique qui a toujours suscité les doutes des populations. Mais force est de constater que l’auteur a peut-être un peu trop exagéré puisque Patrice de Plunkett prouve dans son livre-enquête ‘L'Opus Dei - Enquête sur le "monstre"’ que l’organisation est le bouc émissaire de la société depuis 60 ans et non le grand méchant loup décrit par Dan Brown.
Le 'Da Vinci Code' : un plagiat ?

Les idées véhiculées par le livre ne sont pas si novatrices que ça. C’est certainement la première fois qu’elles ont un tel impact sur le public, mais elles ont déjà été le sujet de nombreux débats. Ainsi, Dan Brown a été accusé d'avoir plagié trois oeuvres, parmi lesquelles 'L'Enigme sacrée' (1983) de Michael Baigent et Richard Leigh. Cet ouvrage apporte, tout comme le 'Da Vinci Code', des révélations sur la vie de Jésus et le Prieuré de Sion. De plus, en guise de clin d’oeil, Dan Brown a donné à l'un de ses personnages le nom de Sir Leigh Teabing, anagramme des auteurs Baigent et Leigh. Dan Brown n’a jamais caché s’être inspiré de ces ouvrages. Il a finalement été jugé innocent, car les sujets évoqués sont des idées générales non protégées par le droit d'auteur.

Marketing ludique : les jeux et événements autour de la sortie du film

Et des jeux sur le ‘Da Vinci Code’, il y en a pléthore. Jeux vidéos et énigmes sur des sites de téléphonie mobile s’ajoutent aux jeux de pistes et visites guidées autour des trajets empruntés par les personnages du 'Da Vinci Code', par exemple au Louvre ou à l'Eglise St-Sulpice, au grand dam des religieux qui y officient.


Mais c’est Eurostar qui a le plus investi dans la promotion du film. Guillaume Pépy, président d’Eurostar, déclare que le partenaire officiel du film a lancé "le plus grand jeu-concours jamais organisé en ligne, une chasse au trésor sur Internet" qui récompensera le gagnant avec 200.000 euros et des tickets de train à vie. Si l’opération est coûteuse pour la compagnie ferroviaire (pas moins de 10 millions d'euros !) il est certain qu’elle a trouvé le meilleur moyen de profiter du succès du film.

Il n’y a pas que le train qui se soit mis aux couleurs du ‘Da Vinci Code’. A Paris, certaines stations de métro ont les murs recouverts d’affiches et de symboles à l’effigie du film. Et pour être totalement plongé dans l’ambiance, pourquoi ne pas écouter également les musiques composées par l'artiste hollandais Jan Kisjes qui s’est inspiré du film ? Peut-être parce qu’il donne plus l’impression de s’être inspiré du groupe Era... Jeux, transports, musique : le ‘Da Vinci Code’ est si présent qu’il devient difficile d’échapper à son implacable plan marketing qui broie tous les esprits sur son passage.

Des célébrités dans et autour du film

Qui ne souhaite pas découvrir Audrey Tautou donner la réplique au prestigieux Tom Hanks ? L’actrice a récemment confié qu’elle n’avait pas vraiment voulu ni cru en ce rôle quand on le lui a proposé, se trouvant trop jeune par rapport au personnage de Sophie Neveu. Sera-t-elle alors à la hauteur des espérances de tous les fans ? Quant à Jean Reno, l’autre tête d’affiche française, Dan Brown avait déjà écrit le rôle de Bézu Fache en pensant à lui. Un rôle sur mesure qu’il n’a pas pu refuser. Surtout que l’on pouvait déjà à l’époque imaginer l’ampleur du phénomène médiatique. Et qui dit succès, dit gros cachets ! Si le mystère demeure quant aux tarifs exacts perçus par les acteurs, on peut avancer que Audrey Tautou doit percevoir quelques millions de dollars et Tom Hanks au moins 25 millions !

L’équipe du film a également rencontré Jacques Chirac, qui aurait suggéré une autre actrice aux producteurs… C’est notamment grâce à cette rencontre et à la pression du ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres que le tournage a pu être effectué (en partie) au Louvre. Bien que démenties par les intéressés, ces informations demeurent intrigantes quand on sait que le musée n’accorde que très rarement ce genre d’autorisation... Au final, une vingtaine de nuits de tournage ont pu être réalisées, pour un tarif exorbitant : de 7.500 à 50.000 euros par jour suivant les lieux exacts de tournage. De quoi bien renflouer les caisses du musée ! Avec autant d’argent dépensé pour si peu de temps accordé, l’équipe a tout de même tourné quelques scènes en studio. Quant à LA célébrité du film, celle qu’on voit sur toutes les affiches, la Joconde est en fait une copie dans le film.

’Da Vinci Code’ : le film VS ‘Da Vinci Code’ : le livre

Le film sera-t-il, lui, une "copie" à la hauteur du roman ? Difficile de répondre à cette question sans avoir lu le scénario qui est resté ultra secret. Même les actrices auditionnées n’ont reçu que trois scènes à travailler. Chaque participant de l’équipe du film avait un exemplaire avec son nom imprimé sur toutes les pages pour éviter les fuites.

On sait tout de même que l’équipe s’est entourée du scénariste Akiva Goldsman, ancien collaborateur de Ron Howard sur les films ‘Un homme d’exception’ et ‘De l’ombre à la lumière’. Ensemble, ils ont tenté de garder le rythme et l’esprit du roman. Bien qu’il soit écrit de manière très cinématographique, certains passages explicatifs sont difficiles à retranscrire à l'écran. Pour pallier ce problème, de nombreuses reconstitutions historiques ont été tournées avec mille figurants parallèlement à l'équipe des acteurs principaux. De plus, Dan Brown lui-même a beaucoup participé au film afin d’effectuer les changements nécessaires tout en restant proche du texte original. Pour Ron Howard, le film est "une version actualisée et annotée du livre".

Et les spectateurs, dans tout ça ?

Un sondage révèle que 31 % des personnes interrogées croient que les informations données dans le ‘Da Vinci Code’ sont vraies ! C’est certainement cet aspect qui explique le fort engouement pour, rappelons-le, cette fiction : les lecteurs et spectateurs ne savent pas si les informations qu’on leur donne sont vraies ou fausses. De cette ambiguïté est née la fascination que l’on connaît. Il y a en outre tellement de sujets consacrés au phénomène qui dévoilent le sujet de l’intrigue dans ses moindres détails que cela peut porter à confusion. En plus d’entretenir les esprits dans le faux, cela gâche même le plaisir que pourraient avoir ceux qui ne connaissent pas l’intrigue.

Avec l’ouverture du Festival de Cannes, le ‘Da Vinci Code’ s’est assuré d’être regardé par le monde entier. On a beau s'en plaindre, tout le monde y trouve son compte : Paris et le Louvre avec les retombées touristiques, les auteurs qui critiquent et démontent le roman de Dan Brown ont des chances d'obtenir une bonne visibilité en librairie à l'image de Simon Cox qui, avec 'Cracking The Da Vinci Code' a remporté un grand succès en 2004 outre-Atlantique. On dénigre et on incite à boycotter, mais on en parle quand même histoire de faire sa propre promotion et d'obtenir une part du gâteau.
Et pourtant, tout le monde a beau spéculer, on ne sait pas exactement de quoi le film sera fait. Réponse de l'énigme le 17 mai 2006 dans les salles obscures.

Jonathan Journiac pour Evene.fr - Mai 2006

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Commentaires
F
bref beaucoup de bruit pour rien,mauvais jeu des acteurs ( ça sonne pas juste ) petite symphatie pour Audray Tautou.( que fait-elle dans cette galère...? )<br /> <br /> Ah vivement " Volver " de Pedro Almodovar
F
Merci Fred pour ce long commentaire !!! A+
F
Ceux qui veulent se pencher plus avant sur les question très anciennes (à vrai dire posées dès l'antiquité et le moyen-âge) des évangiles apocryphes, des descendances du christ, et autres, peuvent lire de passionnants articles à ce sujet dans wikipedia.<br /> <br /> Dan Brown reprend d'un manière romancée, fictionnelle, des éléments très anciens de questionnements, souvent résolus depuis.<br /> <br /> Ce qui me semble dingue, c'est qu'on trouve ça novateur et rebelle de se poser ces question alors que l'Eglise elle-même se les est posées à nombre de reprise dans son passé...<br /> <br /> Mais le secret, l'ésotérique, font vendre, et Brown aurait eu tort de s'en passer...
F
demain pour moi...
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