Dominique de Villepin, un an et des

Dominique de Villepin, un an et des "poussières" à Matignon

PARIS (Reuters) - Il ambitionnait de "réconcilier l'inquiétude et l'impatience" françaises en accédant à Matignon.

Un an après sa nomination, Dominique de Villepin affronte la défiance de l'opinion et de sa majorité, avec la présidentielle de 2007 pour horizon inaccessible.

Nommé par Jacques Chirac pour succéder à Jean-Pierre Raffarin dans un tandem détonant avec Nicolas Sarkozy, deux jours après l'échec du référendum du 29 mai 2005 sur le projet de Constitution européenne, Dominique de Villepin imposa son volontarisme pour remède, s'assignant un horizon napoléonien de cent jours pour "rendre confiance aux Français".

Il se détourne des échappées lyriques qui lui sont chères pour emprunter la voie du pragmatisme. Sa priorité : la "bataille pour l'emploi".

Tout en se revendiquant d'un gaullisme social, il affirme n'"écarter aucune piste" pour venir à bout du chômage, semant les germes de la crise sociale de 2006.

Dominique de Villepin veut aller vite et met en oeuvre en août par ordonnances son plan pour l'emploi, qui inclut notamment le contrat nouvelles embauches (CNE).

D'abord sceptique, l'opinion évolue favorablement à l'égard de ce rival de Nicolas Sarkozy, qui acquiert peu à peu une stature de présidentiable pour 2007.

Celui qui apparaît alors comme le dauphin de Jacques Chirac cultive son image médiatique, osant un bain de mer matinal en septembre 2005 sous les objectifs des photographes et cameramen à La Baule, lors de l'université d'été de l'UMP.

L'accident vasculaire de Jacques Chirac, le 2 septembre, l'intronise de fait "président-bis". Il participe au sommet mondial de l'Onu à New York, où il s'était illustré en février 2003 lors de la crise irakienne dans ses fonctions de chef de la diplomatie française.

DU CPE À CLEARSTREAM

Il demeure en première ligne lors de la crise des banlieues, en novembre, au risque d'éclipser un président de la République en retrait.

L'état de grâce attendu survient en janvier 2006 : 58% des Français lui accordent alors leur confiance, lui qui n'a pas connu le baptême des urnes. Sa cote oscillait entre 33 et 41% d'opinions positives à sa nomination.

La fougue sécrète la précipitation. Dominique de Villepin, qui veut "shooter" contre le chômage, décide de lancer le 16 janvier le contrat première embauche (CPE), sans concertation préalable avec les syndicats.

Accusé d'institutionnaliser la précarité, il est confronté à la virulente opposition de la rue, avec la jeunesse pour fer de lance.

Inflexible, il refuse de retirer cette mesure contestée, provoquant une crise qui profite à la gauche et déstabilise une majorité inquiète. Il capitule le 10 avril. Le CPE est enterré, et avec lui les espoirs présidentiels du Premier ministre.

Considérablement affaibli, Dominique de Villepin ne connaît pas de répit dans l'épreuve. L'affaire Clearstream, qui le met en cause, éclate. L'opposition réclame sa démission, les rumeurs de remaniement fleurissent. Mais Jacques Chirac lui garde sa confiance.

Dominique de Villepin se veut philosophe face à la "poussière" des contingences politiques et invoque le "service des Français" contre la "calomnie".

Il tiendra bon, avec peut-être à l'esprit cette invite de René Char, son poète préféré, dans "Le Marteau sans maître".

"Tu as été créé pour des moments peu communs. Modifie-toi, disparais sans regret. Au gré de la rigueur suave".

Comments

[Faustine]

je pense pareil. il est élégant et a du panache mais je suis aussi déçue aujourd'hui...

[many]

Il y a trois ans, son discours devant le conseil de sécurité, avait fait de lui, dans mon esprit, l'homme politique de droite que j'appréciais le plus. Depuis, cette homme m'a beaucoup déçu. Dommage, car je le trouve assez charismatique. Il avait un grand potentiel, qui s'est depuis réduit à néant....