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- Les Chroniques de Faust -
4 août 2006

Article Sarkozy

Article du Nouvel Observateur à propos du nouveau livre de Nicolas Sarkozy, trouvé sur le blog de Bliss :

"C’est fou l’impact que peut avoir sur un ouvrage le moment de sa publication. J’y pensais à propos du best-seller attendu du Marc Lévy du néogaullisme, « Témoignage », de Nicolas Sarkozy. J’insiste sur la date estivale de sortie, n’y voyez pas malice. D’abord, je trouve le geste courageux de la part de l’auteur : neuf mois avant de se frotter au suffrage des Français, ce type va passer un été dans les petites librairies de stations balnéaires entre le spécial « Bien choisir son rosé » de « Cuisine et vins de France » et le grand livre du sudoku, c’est audacieux. Ensuite, j’ai lu l’ouvrage de bout en bout, et je peux vous le confirmer, son étonnante date de publication n’a rien de négligeable : c’est ce qu’il a de plus intéressant. J’exagère un peu. L’auteur est le chantre de la rupture. Sur un plan littéraire au moins, c’est indéniable. D’habitude, le pavé de juillet, c’est soit un roman d’amour un peu nunuche, soit une saga historique pleine de personnages flamboyants, soit l’histoire d’une course hors d’haleine contre un atroce psychopathe. Avec Nicolas, on a tout, mais en simplifié : « Témoignage », c’est d’abord le grand livre d’un amour fou, celui que l’auteur se porte à lui-même. Ensuite un vrai moment d’histoire – de Raffarin à lui-même, vous voyez l’épopée. Quant à la course contre la montre menée contre un grand délirant, c’est à nous de nous en charger, avec cette question angoissée : franchement, ne me dites pas qu’un type aussi barré dans sa mégalomanie va entrer à l’Elysée dans moins d’un an !
Je caricature un peu, disais-je. Au début, c’est vrai, on a du mal. Le livre se veut pour moitié un bilan de l’action de l’auteur comme ministre et pour moitié son programme présidentiel, donc c’est vite vu : en gros, cet homme-là – le seul dans cette France molle et avachie qui a osé retrousser ses manches pour prendre à bras-le-corps tous les problèmes, l’insécurité, la hausse des prix, les raves, les méchancetés de Yannick Noah, les coups fourrés de Villepin – a tout fait. On est entre « Sarkoman returns » et Docteur Nico, grand mage diplômé. Je ne sais s’il fait aussi les
désenvoûtements, le mal de dos, et la chance au Tac o Tac. Mais on le saura bientôt, il nous l’explique en seconde partie, ce qu’il n’a pas encore fait, c’est simple, c’est ce qu’il fera.

Au fil des pages, on apprend à nuancer. On trouve par exemple des passages pleins d’humour. J’ai adoré cette façon dont il n’hésite pas, pour montrer à quel point il est simple et proche du peuple français tel qu’il est, à se présenter comme « fils d’immigré ». Rappelons-le, son père était un aristocrate hongrois, il a vécu dans le 17e arrondissement de Paris et a été élève à Saint-Louis-de-Monceau. Avec ce pedigree, se présenter comme « fils d’immigré » est exact stricto sensu, mais reviendrait un peu à présenter son ami Bernard Arnault comme vendeur en parfumerie sous prétexte qu’il est patron de LVMH.
Et que dire enfin de cette pudeur si émouvante avec laquelle il parle de ses affaires de cœur. Pour rester fidèle à la règle qu’il a édictée lui-même de ne plus jamais parler de sa vie privée, il ne fait qu’en raconter sur une dizaine de pages les derniers épisodes (en gros, elle est revenue) mais le fait avec tellement de tact : ainsi il ne mentionne jamais que cette affaire lui a valu au passage d’empêcher la sortie d’un livre (la bio de Cécilia) puis, à ce qu’on a lu un peu partout, d’avoir la tête d’un directeur de journal (Genestar, de « Paris Match »). Et que dire de cette façon délicate de ne jamais vraiment écrire le nom de l’être qui lui est tout, qui l’a quitté, qu’il a retrouvé et dont il dit qu’il n’imagine pas d’être jamais séparé. Il ne le désigne que sous une initiale, C. Je peux me tromper, mais je crois pouvoir affirmer qu’il ne s’agit pas de Chirac.
Mais peu importe la lettre de l’ouvrage, quand l’important, disais-je, est sa date de sortie. Vous savez pourquoi ? Parce qu’on pourra se dire que cette année, sur les plages, des gens passeront leur été avec Sarkozy. Et ça, je vous l’avoue, ça me fait venir des images terribles. Vous imaginez ça, vous ? Deux mois aux Flots bleus à se taper Nico en tee-shirt « France d’après » et en tongs UMP, suivi du muet fantôme de Cécilia couvert d’écran total, ne parlant que de lui, de lui, de lui, de ses victoires, de ses conquêtes, de ses idées de la France, et ne laissant à ses voisins de caravane qu’un rêve déterminé : échapper à ce raseur en fuyant à l’étranger dès juillet prochain."

Source : Le Nouvel Observateur du 27/07/2006
Auteur : François Reynaert

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Commentaires
F
Je suis tout à fait d'accord avec toi, Bliss. Merci pour ton commentaire. Bonne semaine !<br /> A+ biz
B
Moi non plus je n'ai pas lu le livre de Nicolas Sarkozy, j'ai simplement eu le bonheur de tomber par hasard sur ce fabuleux article dans le Nouvel Obs... Et non, je ne lirai pas ce livre (oui, il faut bien appeler ça un livre même si ça a l'air pénible!) pour la simple et bonne raison que ce genre de démagogie à 20€ les 100 grammes ne m'intéresse même pas pour un soupçon.<br /> <br /> En publiant cet article on n'émet pas un avis, on rit simplement de bons mots d'un journaliste qui, lui, a lu le livre. Point barre.
F
non je n'ai pas lu ce livre...
G
Mais, vous, avez-vous eu le courage (ou la folie) de lire ce, non, ce n'est même pas un livre, même pas un miroir promené dans le monde, mais le miroir d'une vieille sorcière hongroise, maudite pour des générations, et qui, née à nouveau sous une forme gnomique, déclare partout, "je suis la plus belle pour aller danser"... Le zéro absolu de la pensée et du sens. Vous avez lu ce... ? Parce que, c'est bien de citer un article, mais j'aimerais connaître votre avis, lecture, analyse, ...
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