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- Les Chroniques de Faust -
30 septembre 2006

Interview Axelle Red

L’Eden d’Axelle

Si de prime abord le nouvel album d’Axelle Red ‘Jardin secret’ semble bien personnel et intimiste, l’artiste y chante en fait un jardin universel pour le bien de tous. L’amour comme base de notre bonheur, tel est son message. Rencontre avec une artiste élevée au rang de chevalier…

Le 6 septembre dernier, vous receviez le titre de chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres. Quelle est votre réaction face à cette distinction ?

Je suis très très honorée. Dire le contraire, ce serait très prétentieux de ma part. C’est la plus grande distinction culturelle qu’on puisse avoir en France. J’ai déjà eu une victoire de la musique, et la reconnaissance du public puisqu’il achète mes albums, mais là, c’est comme si c’était la France qui me donnait ce titre, comme si on me disait : “Tes textes sont très bons.” C’est une reconnaissance officielle. On ne me l’enlèvera plus. Donc si je meurs demain, on me mettra à côté de Brel... (rires)

Comment avez-vous le temps de concilier une vie de maman, de star, d’ambassadrice de l’UNICEF ? C’est quoi une journée type pour vous en ce moment ?

Je ne gère plus ma vie ! (elle éclate de rire) Pour l’instant, je ne gère plus rien. Par exemple, hier j’ai conduit les enfants à l’école speed-speed, j’ai pris le train pour aller en Belgique. J’ai donné des interviews pour des quotidiens toute la journée. J’ai pris le dernier train pour rentrer où j’ai encore fait des interviews. Ce matin, j’ai conduit les filles à l’école, j’ai teint mes cheveux (rires), avec la couleur je fais mon interview…

On en revient à votre titre ‘Besoin de temps’. Vous vous inspirez de votre quotidien pour écrire vos chansons ?

Je m’inspire de mes expériences, de ce que je lis, de ce que je vois autour de moi. Je télécharge aussi beaucoup ce que mes proches me racontent. Et moi, ce qui m’intéresse, ce n’est pas de livrer aux gens mon jardin secret. Ce qui m’intéresse c’est de parler d’un jardin utopique.

C’est là que vous voulez nous emmener ?

Oui, c’est ça. En fait, c’est simplement l’Eden. Mais il n’y a pas qu’Adam et Eve. Il y a plein de monde et l’on peut y coexister. En fait, je pars de mon jardin secret pour écrire un album qui est universel. Je voulais faire un album positif, créer une bulle d’air pour pouvoir survivre et ne pas devenir cynique et déçue face à la vie.

Justement, dans cet album, tout est un peu “à l’eau de rose” : la vie est belle, l’amour est omniprésent…

J’avais besoin de ça pour pouvoir continuer mes engagements. Parce que je ne vois que de la misère quand je voyage. Il faut que je puisse avoir cette idée romantique du monde. Mais sous cette douce image de la vie, c’est en fait un album très engagé.

Un message profond à faire passer en douceur ?

Oui. Le message c’est qu’on a tous un engagement moral et éthique. Ne pas accepter l’injustice. Et cet engagement, il commence avec nous. Il commence avec ton couple, avec l’éducation que tu donnes à tes enfants, avec la relation que tu entretiens avec tes proches… En fait, on a la Troisième Guerre mondiale entre les mains… Si on se prend une bombe nucléaire sur la tête, on n’y peut rien, mais il faut refuser d’être méfiant avec tout le monde, tout le temps. Sinon, à force d’amalgame, on va créer des conflits… Et là par exemple, on retrouve ma chanson ‘Naïve’. Cette naïveté est nécessaire pour s’opposer à la violence. Nous ne sommes pas assez naïfs. Mais c’est compréhensible car on n’arrête pas de semer la peur…

D’après vous, les médias nous poussent dans ces retranchements ?

Je n’aime pas lancer la balle. Etre fâché ne sert pas forcément à grand-chose…

Vous étiez pourtant très rebelle dans votre précédent album…

Oui, j’étais fâchée contre la violence, les mines antipersonnel, l’extrémisme, la mondialisation, la drogue, l’intolérance face à l’homosexualité… Et je suis toujours fâchée. Mais cet album c’est un exercice, une thérapie. Je me dis que toute pensée critique doit être tournée de façon positive. Et je pense que c’est beaucoup plus utile pour les gens de s’exprimer avec douceur. C’est un album engagé mais avec maturité.

Et d’un point de vue musical, on peut noter une certaine rupture avec vos précédents albums, notamment sur des titres comme ‘Perles de pluie’.

Je voulais faire un album que je puisse mettre à côté de mes références. Je me suis dit que c’était peut-être mon dernier album, alors je voulais faire l’oeuvre de ma vie ! Je voulais faire un CD qu’on a envie d’écouter en entier. Je l’ai fait sur la durée d’un vinyle car je me suis laissée dire que les plus grands albums duraient 45 minutes… Mais même s’il y a quelques modifications de rythmes, on retrouve mes influences de toujours : Burt Bacharach, Carole King… Ces auteurs-compositeurs américains un peu classiques. ‘Perles de pluie’ c’est très inspiré Bacharach, ce que ‘Ce matin’ était déjà. Je ne suis jamais loin de ce que j’ai déjà fait, mais je ne voulais pas que ces chansons m’en rappellent d’autres. Il y a même un côté Broadway dans cet album : ‘Changer ma vie’, c’est proche de ‘Singing in The Rain’.

C’est pour cette ambiance que vous avez voulu aller aux Etats-Unis pour enregistrer l’album ?

Oui, et puis Memphis, c’est génial. Le studio est d’origine avec des vieux micros, la décoration d’époque… J’y étais déjà allée donc là, j’ai vraiment pu travailler sans être déconcentrée par la découverte du lieu. Et puis Willie Mitchell était là, et c’est vraiment quelque chose ! En plus cela fait dix ans que je travaille avec mes musiciens, il y a donc une véritable connivence. On est comme une famille.

En parlant de famille, vous avez écrit une chanson pour votre fille. Pourquoi ? Que vouliez-vous lui dire ?

Encore une fois, je me suis inspirée d’elle, mais j’ai voulu faire une chanson universelle. Ça n’intéresse pas les gens que je leur parle de ma fille, et ça ne m’intéresse pas de le faire. Cette chanson, c’est pour toutes les mamans, tous les pères et tous les enfants. Chacun peut s’y retrouver. J’ai écrit ce titre en pensant à Janelle parce qu’elle est l’aînée de mes deux filles et qu’elle grandit.

Comment l’a-t-elle pris ?

Elle l’a trouvée lourde (rires). Elle n’avait pas tout à fait compris les paroles. Mais elle est très fière en même temps.

Vous êtes en pleine période de promotion… Seriez-vous prête à aller à la Star Ac’ par exemple pour vendre votre album ?

Non. Les émissions où j’ai dit que je ne voulais pas aller un jour, je ne vais pas y aller pour une promo. Je suis très dure avec moi-même et je n’ai pas l’habitude de faire des concessions. Je suis intègre avec mes idées et j’aime bien pouvoir me regarder dans le miroir. Je ne suis pas contre la téléréalité et je n’ai rien contre les jeunes qui participent à la Star Ac’ ; mais je ne me sens pas d’y aller. Je fais d’autres émissions, mais je ne fais jamais d’émissions de jeu. J’essaie d’aller sur des plateaux où j’ai un minimum de temps pour parler de mon album.

Quel musicien vous séduit aujourd’hui ?

Jack Johnson. Je l’écoute en boucle. C’est un disque qui t’accompagne un peu partout. J’aime bien écouter un disque encore et encore jusqu’à l’user ! Après je passe à autre chose et puis je le redécouvre quelques mois plus tard. Aujourd’hui il y a trop de musique faite pour plaire tout de suite. Mais du coup, tu te lasses tout de suite. Je n’écoute pas cette musique, et je ne fais pas non plus d’album pour ça…

Propos recueillis par Sophie Lebeuf pour Evene.fr - Septembre 2006

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