Controverse sur les sans-abri PARIS (Reuters) -

Controverse sur les sans-abri

PARIS (Reuters) - Des associations appellent les dirigeants politiques et les candidats à la présidentielle à agir cet hiver, et non en 2007, en faveur des sans-abri mais le gouvernement affirme que tout a déjà été mis en oeuvre.

Médecins du monde (MDM), qui a suscité de vifs débats l'an dernier en distribuant 400 tentes pour rendre le phénomène "visible", constate, "au-delà des multiples annonces des pouvoirs publics", un "durcissement de la situation pour les SDF".

"J'ai besoin de remettre les pendules à l'heure", a répliqué lors d'un point de presse Catherine Vautrin, ministre de la Cohésion sociale.

"Cela fait une semaine que j'entends dire que le gouvernement laisse les gens dormir dehors, c'est faux", a-t-elle dit, précisant que 450 places étaient disponibles pour les sans-abri dans la nuit de samedi à dimanche à Paris.

Dominique de Villepin a également assuré que des places d'hébergement étaient disponibles pour les personnes sans-abri, qui n'ont pas selon lui à recourir à des tentes pour passer la nuit au chaud.

"Je ne crois pas que la tente soit la meilleure solution, qui plus est quand nous avons des places et des lits disponibles", a déclaré le Premier ministre.

Des associations soulignent cependant que nombre de SDF rechignent à utiliser les structures gouvernementales, beaucoup préférant les tentes, "moins anonymes" et préservant une certaine "intimité".

QUI EST RESPONSABLE ?

Graciela Robert, qui gère le dossier à MDM, a répondu pour sa part au président de l'UMP Nicolas Sarkozy, qui a promis que plus personne ne serait obligé de dormir sur le trottoir s'il était élu à l'Elysée.

"Ce serait intéressant de savoir quelles mesures il propose et ce qu'il compte faire aujourd'hui, en qualité de ministre de l'Intérieur, pour éviter que les SDF ne soient chassés et trouver des solutions durables", a-t-elle lancé.

D'autres associations, comme "Les enfants de Don Quichotte", misent sur une "mobilisation citoyenne" pour exiger des pouvoirs publics et des candidats des "réponses de fond" à la question de la grande exclusion.

"Les enfants de Don Quichotte" ont installé des tentes rouges pour SDF le long du canal Saint-Martin en proposant aux "bien logés" de dormir une nuit sur place par solidarité avec les SDF.

Le gouvernement a intensifié son "plan hiver" 2006-2007 pour les sans-abri en le dotant de plus de 100.000 places d'hébergement, soit environ 4.200 places de plus que la précédente saison.

Mais Pierre Micheletti, le président de MDM, a souligné que l'organisation ne cesserait pas de distribuer des tentes, qui servent de "balises de détresse", et que le plan gouvernemental avait du retard et manquait de visibilité.

L'association réclame en conséquence un suivi des créations de places de "stabilisation", l'organisation d'une table ronde réunissant tous les acteurs concernés et l'arrêt des mesures d'intimidation envers les personnes "à la rue".

Elle dénonce la volonté, non revendiquée à ce jour, de "déloger et de chasser les personnes sous les tentes" en particulier à Paris.

"Qui est responsable ? On nous dit qu'il n'y a pas de directives dans ce sens. Mais où sont passées toutes les tentes au bord de la Seine", s'est indignée Graciela Robert.

Le Parti socialiste a raillé pour sa part la promesse du président de l'UMP.

"Nicolas Sarkozy a raison de découvrir qu'il y a des SDF qui dorment la nuit dehors. Je me demande d'ailleurs ce qu'il fait maintenant depuis plus de quatre ans et demi comme ministre de l'Intérieur", a ironisé François Hollande, premier secrétaire du PS.