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- Les Chroniques de Faust -
10 avril 2006

Adieu CPE !

Villepin, une fin de mandat marquée du sceau de la défaite

DES MOIS À VENIR DIFFICILES POUR DOMINIQUE DE VILLEPIN

PARIS (Reuters) - Ni retrait, ni suspension, ni dénaturation du CPE. C'était le 21 mars, Dominique de Villepin refusait de "capituler" face à l'ultimatum de la rue.

Le contrat première embauche enterré, le Premier ministre affronte des mois difficiles à Matignon, sous le sceau de la défaite.

Féru de métaphores militaires, Dominique de Villepin n'a pu que concéder lundi un échec marquant dans sa "bataille pour l'emploi" - un camouflet certes mis en scène avec Jacques Chirac et habillé d'une rhétorique volontariste, mais qui scelle pour le Premier ministre un "avant" et un "après" CPE.

L'homme qui écrivait vouloir "préférer le sacrifice au compromis qui discrédite" et affirmait le 5 avril qu'il ne laisserait "à personne d'autre le soin de tirer les conclusions qui s'imposent", a choisi de poursuivre une "mission" dont le chef de l'Etat l'a momentanément dépossédé pour hâter le règlement de la crise.

Dix mois et demi après sa nomination à Matignon, Dominique de Villepin voit sa marge de manoeuvre réduite et son autorité fragilisée face à une UMP désormais prééminente sous l'égide de Nicolas Sarkozy, déjà en piste pour la présidentielle de 2007.

Avec à l'esprit cette équation politique qui veut qu'aucun Premier ministre ne soit sorti vainqueur électoralement de ses années de mandat.

Le chef du gouvernement, dont la cote de popularité a chuté dans les sondages, se doit de reconquérir la confiance des Français qui retiendront de cette crise sa radicalité et son intransigeance, selon des études d'opinion, alors que le ministre de l'Intérieur et président de l'UMP, adepte de la "rupture", s'est affiché dans le rôle du conciliateur.

HORIZON 2007 ASSOMBRI

Dominique de Villepin va s'attacher à réparer son image de "gaulliste social", entre pragmatisme libéral et ambition unanimiste, qu'il n'abandonne pas.

"Seul un meilleur équilibre entre plus de souplesse pour les entreprises et plus de sécurité pour les salariés nous permettra de rompre avec le chômage dans notre pays", a-t-il réaffirmé lundi, refusant de renoncer au concept de "flexibilité" qui a présidé à l'élaboration unilatérale du CPE.

Dominique de Villepin a ainsi exprimé des "regrets" que le contrat première embauche, "une solution forte", n'ait pas été "compris par tous".

Dans le même temps, le Premier ministre entend retisser les liens avec les partenaires sociaux, ignorés dans sa marche forcée contre le chômage, en ouvrant - tardivement - une concertation sur la sécurisation des parcours professionnels, la précarité et l'insertion des jeunes dans l'emploi.

L'amélioration de la vie étudiante, des conditions d'enseignement et de travail dans les universités, le renforcement des liens entre l'université et l'emploi, constituent l'autre grand chantier que le Premier ministre s'est assigné.

Car malgré le désaveu, malgré un horizon 2007 assombri, Dominique de Villepin reste convaincu que l'immobilisme sécrète la défaite et qu'Edouard Balladur et Lionel Jospin ont été éliminés en 1995 et 2002 pour n'avoir pas engagé de réformes, comme c'est l'usage en année pré-électorale.

"Nous avons promis une année utile, nous le devons aux Français". Le Premier ministre a pris date jeudi dernier, lors de sa conférence de presse mensuelle, mais a-t-il encore la maîtrise de son destin?


Chirac remplace le CPE, Villepin exprime ses regrets

JACQUES CHIRAC REMPLACE LE CPE

PARIS (Reuters) - Jacques Chirac a enterré le contrat première embauche (CPE), à l'origine de plus de deux mois de contestation sociale en France, en décidant de le remplacer par un dispositif en faveur des jeunes en difficulté.

Dominique de Villepin, qui a bataillé jusqu'au bout pour empêcher la disparition du CPE, a reconnu que "les conditions nécessaires de confiance et de sérénité" n'étaient réunies "ni du côté des jeunes, ni du côté des entreprises" pour permettre l'application de ce nouveau contrat de travail.

DOMINIQUE DE VILLEPIN REGRETTE DE NE PAS AVOIR ÉTÉ COMPRIS

Le Premier ministre a dit ses regrets de ne pas avoir été "compris par tous" dans sa volonté de remédier à "la situation dramatique de beaucoup de jeunes" au chômage.

Selon les termes d'un communiqué publié par l'Elysée, l'article 8 de la loi sur l'égalité des chances, qui créait le CPE, sera remplacé par "un dispositif en faveur de l'insertion professionnelle des jeunes en difficulté", et non plus à l'ensemble des moins de 26 ans.

Le président Jacques Chirac a pris sa décision après avoir examiné la proposition élaborée par la majorité parlementaire, qui a travaillé à sa demande pendant dix jours à la mise au point d'un scénario de sortie de crise.

Les présidents des groupes parlementaires ont reçu la semaine dernière l'ensemble des organisations syndicales et étudiantes, qui réclamaient depuis le début le retrait pur et simple du CPE, créé en janvier. Syndicats et opposition politique ont insisté pour obtenir l'abrogation du CPE avant les vacances parlementaires qui débutent vendredi soir.

"PRÉPARER L'AVENIR"

Le dossier CPE a fait l'objet d'une dernière réunion lundi matin à l'Elysée entre Jacques Chirac et Dominique de Villepin.

Les deux hommes ont ensuite été rejoints par le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, les rapporteurs de la loi sur l'égalité des chances au Sénat et à l'Assemblée nationale, Alain Gournac et Laurent Hénart, ainsi que les ministres de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo et de l'Emploi, Gérard Larcher, les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, Jean-Louis Debré et Christian Poncelet, et le ministre délégué aux Relations avec le Parlement, Henri Cuq.

Dans son allocution prononcée ensuite à Matignon, Dominique de Villepin a proposé aux partenaires sociaux d'engager "une discussion sans a priori", après l'échec du CPE, sur la sécurisation des parcours professionnels, sur la précarité et l'insertion des jeunes dans l'emploi.

"L'enjeu, c'est de donner à chacun sa place, de donner des emplois, de créer de la croissance. (...) Notre responsabilité, c'est de préparer l'avenir de notre pays. Je souhaite que nous nous retrouvions tous ensemble pour avancer", a-t-il dit.

Le président du groupe UMP à l'Assemblée, Bernard Accoyer, a dit que l'examen de la proposition de loi pourrait avoir lieu dès mardi en séance.

"Nous remplaçons un dispositif qui a été incompris par un dispositif davantage ciblé, a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse à l'Assemblée.

Son homologue du Sénat, Josselin de Rohan, a souligné pour sa part "l'atmosphère sereine" et "l'esprit constructif" dans lesquels se sont déroulées les discussions visant à sortir de cette crise, qui a conduit à suspendre les cours pendant plusieurs semaines dans de nombreux lycées et universités.

La Confédération étudiante a appelé lundi à la levée des blocages.

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