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- Les Chroniques de Faust -
24 mai 2006

X-MEN

LE PHENOMENE X-MEN
Film X pour tous !

X-Men III, intitulé 'L'Affrontement final', débarque sur les écrans après avoir été présenté à Cannes hors-compétition. Un succès annoncé que ce film de Brett Ratner qui cache, sous ses airs de blockbuster, l'histoire plus qu'intéressante d'un comic original et riche.

Classés X

Pour certains, ce mystérieux X symbolise l'inconnue des équations. Cette chose indéfinie que l'on ne peut ni quantifier ni caractériser. Pour d'autres, plus tordus, qui se sont longuement penchés sur la question, le X, qui se prononce "ex' en anglais, rappelle le "ex" latin, qui signifie "hors de". Car oui, les X-Men ne sont pas des hommes, ils sont des mutants, ils sont autres, ils ne font pas partie des homo sapiens sapiens. Le X rappelle aussi le chromosome que nous avons tous en commun, que nous soyons femme ou homme, XX ou XY, il y a toujours ce X se rattachant, dans l'imaginaire collectif, à l'ADN, aux chromosomes, à ces histoires de génome et de mutants. A moins que ce ne soit le signe de la multiplication, l'illustration des pouvoirs décuplés ?... Pour tous les autres, ce X, c'était juste un symbole plutôt classe qui ornait des costumes de super-héros, et les voilà impressionnés de lire un article sur un sujet aussi futile qui commence de manière aussi profonde, à mi-chemin entre science et philosophie. En fait, personne ne sait rien de ce X, et au-delà de ce débat qui transcende des milliers de fans transis, il y a l'histoire intéressante de ces hommes-X.

Mais d'où viens-tu, Ô X-Man ?

C'est en septembre 1963 que le prolifique Stan Lee imagine les héros frappés du sceau du X, avec la complicité de Jack Kirby. Les deux hommes, fondateurs de la firme Marvel, voient leur première génération de héros faire un carton : les Quatre Fantastiques, Hulk, Iron Man, Daredevil, les Avengers et surtout Spiderman se sont imposés dans le coeur des jeunes lecteurs américains. Les deux hommes décident alors de créer des héros nouveaux, différents, dont les pouvoirs ne résulteraient pas d'un accident mais d'une mutation génétique. En fait, Stan Lee, ce fainéant, avouera plus tard avoir eu cette idée afin de se faciliter la tâche, n'ayant plus d'idée pour, à chaque fois, inventer à tous ses personnages un passé qui justifierait leurs super-pouvoirs. L'équipe d'origine est composée de Cyclope, le type aux yeux revolver, Angel, un aristo avec des grandes ailes dans le dos, Le Fauve, une sorte de lion bleu bizarre, Iceberg, comme son nom l'indique, et enfin la belle Jane Grey, rousse canon qui lit dans vos pensées.

Etonnamment, X-Men n'a pas le succès escompté et reste en retrait par rapport aux autres titres Marvel. La série s'arrête, des épisodes anciens reparaissent sous de nouvelles couvertures. Le bide. L'échec. Fini ? Non, sinon vous ne seriez pas en train de lire cet article, évidemment. C'est en mai 1975 qu'a lieu le miracle - mais peut-on vraiment parler miracle dans un monde où des mutants mettent des combinaisons jaune et bleu ? Quoiqu'il en soit, en ce doux mois de mai 1975 sort, sans crier gare, sans publicité, un 'Giant size X-Men #1'. Le coup de génie ? Une nouvelle distribution dans laquelle on découvre Tornade, Ororo en VO, et, surtout, l'idole des jeunes, le roi de la permanente, j'ai nommé Wolverine. La nouvelle équipe cartonne, Wolverine entre dans le "top 3" des héros les plus populaires de chez Marvel. Les nouveaux auteurs, Chris Claremont en particulier, font évoluer la série vers un public plus âgé, donnant à ces mutants un dimension plus profonde. Ce comics est le roi des années 1980 et Marvel en profite pour tirer sur la corde, multipliant les personnages et les séries dérivées. Depuis, le succès s'est étiolé, certes, mais les films sont arrivés à point nommé pour relancer la machine.

Quand je serai grand, je serai un X-Men !

Même adulte, l'envie d'avoir des poils bleus sur le visage ou des ailes immenses - plutôt les ailes que les poils en y réfléchissant - ne disparaît pas. La raison de cet engouement qui transcende les générations ? L'originalité d'abord. On rattache souvent les super-héros aux mythes traditionnels pour expliquer leur succès. C'est encore plus vrai pour les X-Men, capables, c'est assez rare, de maîtriser les éléments. Et lorsqu'une Tornade s'énerve à coups d'éclairs et de grêlons, dur de ne pas y voir l'inspiration d'un Zeus. Idem pour Cyclope et son regard qui tue, rappelant la célèbre Méduse que dut affronter Persée. Une photo de classe des X-Men, c'est un peu le panthéon grec mêlé à tous les dieux païens. Chacun son pouvoir, chacun son domaine. Avec les X-Men, c'est l'union qui fait la force, fini les héros complets et invincibles.

Après le succès de Spiderman, homme-araignée adolescent, Stan Lee avait décidé de creuser le filon pour permettre une grande identification du jeune public à ses personnages. C'est ainsi qu'il les place tout simplement... à l'école. Ils sont les élèves d'une institution spéciale, dirigée par le professeur Charles Xavier, ou Professeur X, un mutant au pouvoir de télépathie qui se déplace en fauteuil roulant. Pourquoi cette école ? Pour pouvoir se protéger lorsque leur nature de mutant se révèle... lors de l'adolecence, évidemment. Le thème de la différence, pierre angulaire du comics - nous y reviendrons - étant particulièrement parlant aux adolescents, par définition mal dans leur peau (enfin il paraît). Dans cette optique, la variété des héros, et par conséquent la variété des pouvoirs présents, permet au lecteur de réellement choisir son préféré, sans se voir imposer un beau gosse en slip rouge qui vole pour attraper les méchants. Autre idée qui a facilité le processus d'identification, la variété des origines des héros. En effet, lorsqu'ils créent les nouveaux X-Men en 1975, les auteurs pensent à les faire venir de tous les pays du monde. Wolverine est Canadien, d'accord, c'est pas très loin des USA. Mais Colossus est russe, Thunderbird est un Apache et, encore plus remarquable, Tornade est une princesse africaine. De quoi toucher tous les gamins du monde. Malin, non ?

L'homme-X, un animal politique

Certes, il faut attendre des auteurs de la trempe d'Alan Moore ou de Franck Miller, dans les années 1980, pour voir des comics réellement engagés, sur des sujets aussi importants et polémiques que l'écologie, le racisme ou les inégalités sociales. Mais les X-Men, à leur époque, possédaient déjà une dimension politique.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on le sait, les auteurs de comics ont souvent truffé leurs histoires de sous-entendus politiques, surtout à l'époque du maccarthysme, situation qui conduira d'ailleurs à une forte censure. En 1963, lorsque Lee et Kirby imaginent les X-Men, les Etats-Unis vivent une période trouble. Le vie politique est violente - Kennedy sera assassiné quelques semaines après la naissance du comic, et l'époque est marquée par le combat des minorités pour en finir avec l'oppression dont elles sont victimes et enfin s'intégrer dans cette société blanche et protestante. Kennedy met officiellement fin à la discrimination raciale, officiellement seulement puisque le combat des Noirs ne fait que commencer et que ces avancées réveillent Ku Klux Klan et autres extrémistes.

Les X-Men, eux, sont des super-héros atypiques. D'accord, ils luttent contre les méchants, comme tous les super-héros, enveloppés dans une combinaison au goût douteux. Mais leur principal combat reste celui pour l'intégration. Même en défendant les humains, ils ne parviennent jamais à se faire accepter. Plus que des héros, ce sont des monstres, au premier sens du terme, qui désigne celui qui est différent, celui que l'on "montre". Leur différence raciale, puisqu'ils sont génétiquement différents des hommes, est la caricature des luttes raciales, génétiquement injustifiées celles-là. La division qui existe entre les mutants est d'ailleurs symptomatique : d'un côté le pacifique Charles Xavier qui prône l'intégration, de l'autre le sombre Magneto, qui se bat lui pour la destruction de l'espèce humaine au profit des mutants. Cette dualité est ouvertement inspirée, en forçant le trait bien sûr, des deux tendances du mouvement noir au tout début des années 1960, représentée d'un côté par Martin Luther King, de l'autre par Malcolm X. Tiens ? Un X. Malcolm X l'avait choisi pour nier son nom occidentalisé, qu'il qualifiait de "nom d'esclave". De quoi alimenter une nouvelle théorie pour le X des X-Men, qui deviendraient alors des hommes émancipés, sans noms...

De la vignette à l'écran

Le film de Brett Ratner qui débarque sur les écrans reprend cet aspect politique puisque le thème de l'intrigue tourne autour d'un vaccin pour mutant. Un vaccin capable de guérir le mutant, de le faire devenir un homme "normal", intégré, libre, qui ne subira plus ni discrimination, ni racisme. Mais qui, en contrepartie, perdra son originalité, sa personnalité, son âme même, à l'image d'un Faust. Alors, tu es noir, brimé, je te propose la pilule qui rend blanc, tu l'avales ?

Dernière partie de la trilogie (mais pas de la saga X-Men puisqu'un 'Wolverine' est déjà prévu), cet 'Affrontement final' marque l'apothéose du combat entre Xavier et Magneto. Alors que les comics s'essoufflent, les films, signés Brian Singer pour les deux premiers, sont venus donner un second souffle à un Marvel viellissant. Stan Lee ne s'y est pas trompé puisqu'il est le producteur de trois épisodes, comme il l'était déjà sur 'Hulk', 'Daredevil' ou les 'Spider-man'. Le comics n'est plus rentable ? Faisons un film. Résultat, des adaptations médiocres, d'autres reines du box-office. 'X-Men' fait partie de la deuxième catégorie. Des acteurs charismatiques et de grand talent ont fait en plus des ces transpositions sur grand écran un succès de grande qualité : Hugh Jackman bien sûr, mais aussi Halle Berry, Famke Janssen, Ian McKellen, etc., ce casting de rêve a contribué à donner vie au comic légendaire. Pour ce dernier opus, le scénario particulièrement inventif, facilité par les prouesses des effets spéciaux, donne naissance au meilleur long métrage de la série. De quoi rêver encore un moment d'avoir des ailes ou, au moins, les poils bleus... Mais j'préfèrerais quand même les ailes.

Mikaël Demets pour Evene.fr - Mai 2006

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Commentaires
F
Merci Denis pour ton commentaire ! Oui, je publie bcp d'articles par jour, je crois que je suis blogueuse addict ! lol ! Pas forcément bcp de temps (je suis étudiante) mais je passe quand même de nombreuses heures sur le net ! :)<br /> A+
D
J'ai adoré les deux premier, mais de toutes façon c'est le genre de trucs que j'adore, par cotre petit je n'aimais pas trop la BD.<br /> <br /> Sinon qu'est-ce que tu blog ? on a du mal à te suivre tellement tu écris d'articles, tu as du temps ?
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